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Née à Tokyo en 1963, Kimiko Yoshida dit avoir fui le Japon parce qu’elle était morte, et s’être réfugiée en France pour échapper à ce deuil. Enfant, elle s’est toujours sentie nomade, vagabonde fugitive. Arrivée en France, elle a dû apprendre la langue comme une enfant qui venait de naître.

Kimiko Yoshida présente son travail en ces termes : « Le protocole conceptuel de mes autoportraits, depuis 2001, est constant : toujours un même sujet (autoportrait), un même cadrage (frontal), une même lumière (indirecte), un même principe chromatique (je suis peinte de la même couleur que le fond), un même format (carré). Maquillage et prise de vue directe : ni photoshop ni editing digital. Une même figure donc se répète mais n’est pas identique à elle-même : plus elle se répète plus elle diffère de soi. »

Kimiko Yoshida fait valoir les significations polyphoniques d’un art qui procède par pliages et hybridations, croisements et métissages entre le Japon et l’Europe, l’Afrique et l’Orient, le masculin et le féminin, le présent et le passé, le minimalisme et le baroque, la photographie et la peinture, l’autoportrait et la multiplicité, l’identité et les identifications, l’art et le rituel, l’espace et le temps, l’être et le manque-à-être.

Son voyage en Afrique et sa découverte des rituels animistes, des fétiches et des parures n’ont pas moins été décisifs pour l’artiste que son arrivée en Europe et sa découverte de l’art baroque : l’Afrique et l’Europe sont antinomiques avec l’esthétique japonaise de la beauté fragile et du détachement, cette recherche de la forme épurée et de la soustraction, cette volonté ascétique de renoncement à soi et du Vide, cette aptitude au lâcher-prise… Exil dialectique que l’artiste fait valoir en ces termes : « En explorant les esthétiques et les cultures, en Afrique ou en Europe, je n’ai rien trouvé qui rallie ce goût japonais pour la soustraction et le silence, le minimalisme concis du bouddhisme zen, le formalisme shinto de l’effacement et de l’incomplétude. C’est cet exil qui m’a permis d’introduire dans mon œuvre cette fonction de dissemblance, cette altérité dont j’ai conscience qu’elle est si essentielle à la signification de l’art. » Kimiko avance masquée dans l’histoire de l’art entre Paris, Tokyo et Venise, et ses œuvres sont dans d’importantes et innombrables collections.

Expositions à la galerie

MASKARADE(S)
Ernest Dükü/
Kimiko Yoshida

Exposition collective

2021

Œuvres

Éditions

MasKarade(s), Catalogue d’exposition, 2021